Accords commerciaux L’agriculture, éternelle pierre d’achoppement des négociations de l’OMC
Si les accords bilatéraux se multiplient ces dernières années, souvent au grand dam des agriculteurs, ils témoignent surtout de l’échec du multilatéralisme prôné par l’Organisation mondiale du commerce. Depuis les années 1990, cette dernière ne parvient pas à finaliser un accord, principalement à cause de la question agricole.
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Ces dernières années, l’Union européenne multiplie les accords bilatéraux pour favoriser les échanges avec les pays tiers, et ce sujet est source de tensions avec les agriculteurs, comme le montrent les discussions autour du Ceta ou de l’accord avec le Mercosur.
Si ces accords existent, c’est justement en raison de la question agricole, sur laquelle l’organisation mondiale du commerce (OMC) ne parvient pas à obtenir de ses 164 pays membres un consensus pour un accord multilatéral.
Un nouvel échec fin février
La XIIIe conférence ministérielle de l’OMC, qui s’est tenue fin février à Abu Dhabi, n’a pas dérogé à la règle. La réunion devait traiter, pour l’aspect agricole, des soutiens domestiques aux producteurs, de l’accès au marché, des restrictions aux exportations, des subventions au coton, des résidus de subventions aux exportations, et du stockage public. Or, l’Inde a bloqué la discussion sur la question du stockage public, explique Thierry Pouch, responsable du service études économiques et prospective des Chambres d’agriculture.
Retrouvez ci-dessous l'éclairage de Thierry Pouch :
« L’Inde, qui s’était déjà distinguée par son opiniâtreté à défendre son secteur agricole et sa politique de financement des stocks publics, a, une fois de plus, exprimée son attachement à sa politique agricole qui garantit selon elle la sécurité des approvisionnements intérieurs. Et cela d’autant plus que le gouvernement de Narendra Modi reste exposé à la colère des paysans indiens », détaille-t-il dans la lettre économique de mars, publiée par les Chambres d’agriculture.
Depuis 1996, l’OMC ne peut s’enorgueillir que de trois -petits- succès, qui concernent la facilitation du commerce, avec un allègement des procédures douanières (2013), l’élimination des subventions aux exportations (2015), et l’interdiction des subventions afin de protéger les espaces marins de la surpêche (2022).
Une institution en panne
Pour Thierry Pouch, ce nouvel échec témoigne d’une tension commerciale internationale importante et d’un basculement du centre de gravité de l’économie mondiale vers l’Asie. On peut également « s’attendre à un regain d’intérêt pour les Accords de libre-échange bilatéraux », précise l’économiste.
Selon lui, le principal enseignement reste sans doute que « l’OMC, qui devait incarner l’esprit d’un commerce international ouvert et loyal, supervisé par l’Occident, est bien malade, comme le sont d’ailleurs les autres institutions mises en place en 1944. La question étant de savoir comment et dans quel sens les réformer, ou bien par quoi les remplacer ».
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